Elsa Lorthe, Mathilde Bellon, Julie Berthelot, Grégoire Michielin, Arnaud G L’Huillier, Klara M Posfay-Barbe, Andrew S Azman, Idris Guessous, Sebastian J Maerkl, Isabella Eckerle, Silvia Stringhini, pour le groupe d’étude SEROCoV-Schools.
A SARS-CoV-2 omicron (B.1.1529) variant outbreak in a primary school in Geneva, Switzerland. The Lancet Infectious Diseases, doi:/10.1016/S1473-3099(22)00267-5

Résumé:

Contexte: Le rôle des jeunes enfants dans la propagation du SARS-CoV-2 au sein des écoles primaires demeure incertain. Cela est particulièrement vrai pour le variant Omicron (B.1.1.529), connu pour sa haute transmissibilité et son fort potentiel d’évasion immunitaire, ce qui augmente les possibilités d’infecter ou de réinfecter les membres de la famille. Dans le cadre d’une étude longitudinale et prospective en milieu scolaire (SEROCoV-Schools), nous avons investigué un foyer infectieux de SARS-CoV-2 au sein d’une école primaire de Genève, en Suisse. 

Méthodes et résultats: Les enfants (âgés de 3 à 7 ans), les enseignants et le personnel scolaire de quatre classes d’une école primaire (classes A-D) ont été invités à participer à cette étude de surveillance qui a débuté en Octobre 2021. Lorsqu’un participant était testé positif, nous avons étudié de façon prospective la transmission du SARS-CoV-2 au sein de l’école et dans son foyer.

Le premier cas (classe C) d’infection au SARS-CoV-2 par le variant Omicron a été signalé à notre équipe le 11 janvier 2002, que nous appellerons jour 0. Les enfants et les membres du personnel scolaire ont été testés pour le SARS-CoV-2 par tests RT-PCR sur écouvillons oropharyngés à deux reprises, les jours 3 et 7, qu’ils aient ou non des symptômes.

Trois jours après le signalement du premier cas, nous avons identifié des cas dans toutes les classes investiguées. L’incidence cumulée des infections était la suivante : 33% dans la classe A, 15% dans la classe B, 56% dans la classe C et 61% dans la classe D. 50% des professeurs et 20% des autres membres du personnel scolaire non-enseignant ont été testés positifs durant cet outbreak Omicron.

Nous avons également étudié l’introduction des infections à SARS-CoV-2 dans les familles d’enfants testés positifs. Les membres des foyers concernés ont été testés une à deux fois dans la semaine après que leur enfant ou leur frère/sœur ait été testé positif. Des infections ont été mises en évidence dans 63% des familles et chez 48% des membres des foyers.  91% des parents inclus dans l’étude étaient vaccinés, parmi lesquels 76% avaient reçu un booster, soutenant ainsi l’idée que ce variant est hautement transmissible même parmi les personnes ayant reçu un schéma vaccinal complet.

La plupart des infections étaient symptomatiques : 81% des enfants et 86% des adultes présentaient des symptômes. Aucune hospitalisation n’a été rapportée.

Plusieurs facteurs ont vraisemblablement conduit à ce grand foyer épidémique : les contacts rapprochés entre les enfants à l’école ; plusieurs introductions séparées (comme suggéré par le traçage des contacts) après les vacances d’hiver dans un contexte de haute incidence hebdomadaire (3101 habitants de Genève sur 100 000 ont été infectés à la fin de la deuxième semaine de 2022, dont plus de 96% par le variant Omicron) ; les réinfections avec le variant Omicron et les périodes de quarantaine raccourcies à 5 jours par les autorités sanitaires à partir du 13 janvier, entrainant le retour à l’école de participants potentiellement encore contaminants.

Conclusion: Cette étude prospective met en évidence une plus haute transmission des infections par le variant Omicron en milieu scolaire, par rapport aux variants précédents. Les enfants semblent être à l’origine d’un nombre important d’infections extra-familiales et jouent un rôle clé dans la transmission communautaire.

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